Mercredi 15 aout 2018, cette date qui raisonne dans ma tête depuis quelques mois maintenant, qui me paraissait si loin, « C’est dans longtemps » me suis-je dis le jour ou j’ai payé mes « droits » d’inscription au mois de février … « Ça va, j’ai largement le temps de m’entrainer », me suis-je dis le jour où j’ai monté mon dossier de sponsoring afin de lier l’effort d’un IronMan avec la récolte de fonds pour une bonne cause (le lien vers la cagnotte est toujours actif, n’hésitez pas à donner 1 euros, 5 euros, 100 euros, à vous de voir, chaque don est important). Mais la, quand j’appuie sur mon téléphone, c’est bien « mercredi 15 aout » qui apparait !! Quoi ?! C’est vraiment aujourd’hui ? Là, maintenant ?.. Bref, voici un résumé de cette journée qui s’annonce folle …
3h30 – Réveil en sursaut, le dernier coup d’oeil à ma montre date de 2h30 du matin. Ok, je n’ai dormi qu’une petite heure … Mais comme chaque sportif le sait bien, c’est la nuit de l’avant veille (Où j’ai dormi 7 belles heures) qui est la plus importante ? Ouf !!
3h35 – Il faut que je me lève, j’entends Fabian dans sa chambre (je squatte son logement lol) qui se lève aussi. On y est, préparation du dernier petit déjeuner : citron pressé, nesquik (et oui je suis un grand enfant), pain et beurre – SURTOUT NE RIEN CHANGER À SES HABITUDES) avant d’aller affronter ce Mythe dont on parle depuis quasiment 10 mois au club du Triathlon Sannois Franconville (pour lequel je suis en charge de la PPG – Préparation Physique Generale – depuis le mois de septembre), et pour cause, nous sommes 23 engagés aujourd’hui !! Autant dire que l’on a la pression, on est même le deuxième club le plus représenté de cette édition 2018. Alors c’est 23 finisher que l’on veux ce soir !!!
4h – Petit déjeuner englouti, toutes les affaires – minutieusement préparées et repréparées et rerepréparées la veille au soir – sont déjà dans la voiture (et oui le Triathlon est le sport où le temps de préparation du matos et le stress qui l’accompagne sont quasiment aussi importants que le temps de course lol). Direction le Lac de Serre-Ponçon encore plongé dans une nuit noire. Quoi ? On va nager de nuit la ?! Sérieusement ?! Mais attends, je n’ai jamais fait ça moi en fait … Bref, je ne regarde plus, je suis dans le parc à vélo, je me conditionne mentalement mais la tension est palpable, chaque triathlète répète ses transitions, vérifie que le matos est là, dans le bon ordre dans le bac, pour ne pas perdre une seconde à la sortie de l’eau et au retour du vélo.
5h30 – Dernier passage aux toilettes avec la frontale (bah oui, il fait toujours bien nuit et il vaux mieux savoir ce que tu fais hein si tu vois ce que je veux dire …) – pas très glamour je sais, mais ça a vraiment son importance lors de grosses courses de ce genre 😉 – puis on enfile la combinaison de natation, chacun ferme celle de l’autre, les lèvres sont pincées, les esprits sont déjà en course malgré les quelques blagues que l’on peut entendre par ci par là, c’est un moment vraiment particulier qu’il faut vivre pour le comprendre.
5h50 – Départ des filles. Isa, la seule représentante féminine du club est dans l’eau, mais je sais qu’elle nage vite et bien. Alors je ne me stress pas pour elle ! Mais purée il ne nous reste que 10 minutes, je peux encore faire demi-tour, juste avant cette natation qui va surement démarrer de nuit. T’as déjà tenter d’entrer dans une machine à laver en marche toi ? Non, et bien moi j’allais le faire, mais en plus dans le noir …
6h – Bon, je suis toujours là, on nous a fait avancer sur le bord de l’eau. 1120 triathlètes sont là, les coudes serrés. Je croise 3 gars du club, on échange quelques « bonne chance », « bon courage », « rendez-vous sur la finish line », … Et la, « PAN » le départ homme est donné. C’est parti, ça court, ça pousse, ça va vite, il fait encore nuit, je suis ultra stressé (ma Polar V800
me donne 158bpm, c’est vraiment beaucoup !!!), donc j’avance doucement vers cette eau qui était si paisible il y a encore 10 minutes, mais qui ressemble maintenant à un tsunami, ou la fameuse « lessiveuse » comme on l’appelle en triathlon. Une fois dans l’eau, je commence à nager, comme lors des entrainements, 1 respi tous les 3 mouvements, mais c’est impossible, on me pousse, on me frappe, on me nage dessus, bref, je vais plutôt faire 2-300m en crawl waterpolo ce sera plus sage.
6h20 – Le tri commence à se faire un peu et j’arrive enfin à poser ma nage, je reprends mon souffle, ma FC va enfin baisser, et je vais pouvoir profiter de ce lever de soleil derrière les montagnes qui entourent ce merveilleux lac. Quel spectacle de fou !!! Il faut aussi le vivre pour le comprendre, c’est indescriptible. À ce moment je me dis que je suis heureux d’être là finalement, de profiter de tout ça, de faire ce que j’aime, et de relever ce défi, enfin, ce défi dont je rêve depuis que je me suis mis au triathlon …
7h17 – Deux tours de natation plus tard et 30 minutes après les premiers – sans commentaire – je sors de l’eau, un coup d’oeil à ma montre, quoi je n’ai mis qu’1h17, à l’entraînement je suis plus en 1h25-30 !! L’adrénaline de la course, la trainée faite par les mecs devant dans l’eau, l’entrainement qui paie, je n’en sais rien mais c’est fait !! Pas le temps de fêter ça, il y a encore du boulot !! Je croise quelques gars du club sur la transition, on discute, on se félicite, on s’encourage pour cette mega grosse partie suivante : le vélo !!
7h22 – Transition express en 5m43s (enfin pour mon petit niveau haha). Je sors du parc avec un smile jusqu’aux oreilles, je me sens bien, je n’ai pas mal au ventre (un problème pourtant récurrent chez moi après la natation en course), mes jambes sont fraiches et ne demandent qu’à appuyer !!! Et surtout la natation c’est réglé : Alleluyahhhhhhhhh !!!
7h23 – La route des puys, et oui, à Embrun, on est tout de suite plongé dans le vif du sujet. Tu sors du parc, t’as 100m de plat et hop ça monte 10 bornes sans pause, mais déjà le TSF est la, et ça crie dans tous les sens !! A la sortie de la ville, sur les hauteurs, on peut voir les derniers nageurs en contrebas sur la gauche, puis ça monte encore 10 bornes avec quelques petits répits sur cette partie. Mais il me faut déjà 1h pour les 20 premiers km dans lesquels on se prend déjà 700m de D+. Il faut faire attention à ne pas se cramer car derrière il reste beaucoup à faire, et notamment ce col de l’Izoard !! Puis vient la redescente, et là, quel spectacle à nouveau : le Lac et la petite bourgade de Savines avec le soleil juste en face au dessus des montagnes. Incroyable, une lumière de malade, j’aurais vraiment aimé avoir un appareil photo pour vous montrer ça, limite je rate mes virages à force d’avoir la tête vers le ciel. D’ailleurs au détour de l’un d’eux, j’entends des freins crisser derrière moi, je me retourne et là, le gars derrière chute dans le fossé. Ça calme !! Je reprends mes esprits, je double, je fonce sans me mettre en danger et j’engloutis cette descente en 2 temps 3 mouvements !!
8h50 – Retour à Embrun et cette route des Orres, complètement fermée à la circulation, et là, le public est complètement sur la route. On a juste la place pour passer, on se prend pour des coureurs du tour de France !! Quelle energie sur le bord de la route, je pense que l’on peut assimiler ça à du dopage tellement c’est transcendant, ça booste, ça donne la pèche, de l’energie, bref, on repars de là on est sur un nuage !!
9h00 – Les Balcons de la Durance : La je reprends 2 collègues du TSF. On discute un peu, je leur dis que je me sens bien mais qu’ils me reprendront surement sur le col (mon point faible en vélo, la grimpette). En tout cas toute cette partie entre plats, mini-montées et descentes c’est mon Dad. Je roule vite et bien et surtout je kiffe et quand tu kiffes, bah ça promet !!
10h30 – J’arrive en bas de l’Izoard. Là ça va chauffer. Je commence à me faire doubler, un peu, beaucoup, je sens que je faiblis (pourtant j’ai bien géré mes apports depuis le début), l’hypo me guette. Je mange, je bois, je m’alimente correctement avec ces mêmes barres qu’à l’entraînement – et aussi des tucs, la base 😉 -, puis au bout de 20 minutes (c’est long quand même à ce moment de la course où tu sais qu’il te reste au moins 5h de vélo lol) je reprends du poil de la bête, ça va le faire, je vais le grimper comme à la reconnaissance en juin, au feeling, tranquille, .. 1h30 plus tard, j’en vois enfin le bout. Je vois même Philippe du club, à 20 mètres devant mais impossible de le reprendre, malgré les encouragements des supporters du TSF (on en avait tout de même 50 disséminés sur toute la course, incroyable !!). J’ai même une vidéo du dernier virage en vélo où Florian – d’ailleurs merci mec, à ce moment là tu m’as fait rêver – court à coté de moi et m’encourage, il me parle même du maillot de finisher ce fou, mais ça me redonne la pêche !!
-> Pour voir cette vidéo c’est par ici <-
12h05 – Le Graal, l’Izoard à 2300m, je suis au max la. J’ai franchi ce col tant redouté, mais il faut rester concentré. Je prends mon sac de ravitaillement (oui sur cette course on a le droit de laisser un sac là-haut pour ravitailler tant elle est dure …), petits pains au lait jambon beurre, et d’autres beurre chocolat noir, puis une Red Bull en cas de coup dur sur la suite 😉 J’y avais glissé également un k-way pour la descente. Je mange les pains au lait salé, je bois un peu de coca, de l’eau, j’enfile mon k-way et hop 3 minutes plus tard je repars pour la descente !! Et quel moment, une descente sur 20 km à plus de 45 km/h de moyenne où t’as plutôt interêt à garder les yeux bien ouverts et avoir les mains sur les freins. Mais en tant que motard, les virages et la vitesse je peux dire que j’y suis un peu habitué, alors je double et je prends un pied de malade 😉
13h40 – Apres avoir passé Briancon et quelques faux plats, on arrive sur une belle difficulté de « presque » fin de parcours : le Pallon, une montée à 12% sur 1200m. Autant dire un truc bien casse-pattes !! Mais là, sur les cotés, un public de fou qui me donne une force incroyable, et je retrouve un smile énorme, ce qui les booste à m’encourager encore plus, le cercle vertueux quoi !! Je la passe assez bien finalement, puis je sens que l’énergie commence à me manquer. C’est le moment d’ouvrir ma Red Bull et de me donner des ailes !! Ca fonctionne, je repars de plus belle, j’ai toujours des jambes !! Merci la Taurine 😉
14h30 – Retour sur Embrun et attaque de la montée du « Chalvet », la partie « inutile » de ce parcours. Oui, sans elle on aurait que 180 kilomètres, alors pourquoi faire ce détour dans Embrun ? Tout simplement qu’être surnommé EmbrunMan « le Mythe », ça se mérite !! Alors Seb tu la fermes, et tu montes mon pote, même si tu vois passer les marathoniens sur le coté qui courent déjà alors qu’il te reste 45 minutes de vélo … Bref, une montée qui n’en finit pas, avec des virages rappelant l’Izoard, un mauvais souvenir. T’as envie de poser le pied, mais en même temps tu te dis « attends c’est la fin, tu ne vas quand même pas poser maintenant !! », alors tu continues à appuyer fort pour la finir au plus vite. Arrivé en haut il ne reste plus que de la descente, certes sur des graviers, certes dangereuse, certes t’es plus tellement lucide, mais de la descente tout de même ! Prudence est le maître mot quand même sur cette dernière partie car on a hâte d’en finir mais l’idée est tout de même de ne pas finir au tas 2 km avant le parc …
-> Tu sauras si je suis arrivé sans tomber en cliquant sur ce lien 😉 <-
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